Six mois s'étaient déroulés depuis les fiançailles de mon frère avec ma meilleure amie d'enfance et la fille pour qui j'éprouvais de tendres sentiments. J'étais enfermé dans ma chambre, dans l'une des tours de Vivesaigues, à écouter le sermon de mon père. Depuis six mois, je m'opposais à mes fiançailles avec une femme que je ne connaissais pas et refusais de connaître. Mon père ne cessait de devoir annuler ma rencontre avec Lady Frey, puisque je feintais une fièvre. Et aujourd'hui, mon mensonge avait été découvert, la faute à Thoma, bien sûr.
Depuis, puisqu'il restait avec nous jusqu'à son mariage, je refusais de lui adresser le moindre regard. Cela faisait souffrir Marcus et Amara, mais la trahison de Thoma était trop dure. Bon, il va s'en dire que je m'étais attiré ses foudres en avouant mes sentiments à Marie-Louise.
Au bout d'un moment, je me rendis compte que je n'entendais plus mon père. Je détournai mon regard de la fenêtre et le vis les bras croisés devant moi. Je haussai les épaules et le laissai quitter ma chambre, sans un mot et lui en claquant la porte. Je finis suivre mon père, mais descendis vers les écuries, où je croisai Jakob.
- Cassiopé est scellé? demandai-je.
Le palfrenier hocha la tête, je me dirigeai vers la stalle de mon cheval noir et l'agrippai par la bride. Nous sortîmes de l'enceinte de Vivesaigues, puis lorsque je fus assez loin de la maison, je grimpai en scelle. Je poussai Cassiopé au galop, vers le fond du Conflan. Je voulais aller loin et ne pas regarder derrière moi. Au bout d'un moment, j'arrivai au milieu de la forêt, derrière cette dernière, les Terres des Jumeaux s'y étendaient. Je sortis de la forêt, dans une clairière. Je vis une jeune femme blonde jolie, je m'avançai vers elle, faisant craquer une branche. Elle releva la tête, sauta sur ses pieds.
- Qui est là? demanda-t-elle, d'une voix forte. Montrez-vous ou vous allez le regretter! Qui est là?
Je sortis de ma cachette, les mains en l'air, tenant la bride de Cassiopé. Mon cheval releva les yeux vers celui de la jeune femme, avant de se défaire de mon emprise et aller brouter avec son semblable. Je lui fis un petit sourire moqueur. Son petit air remplit d'assurance était assez mignon.
- Hey! Ne crie pas, tu vas te faire entendre jusqu'à Vivesaigues, rigolai-je. Et je préférerais qu'on me ne retrouve pas.
Je m'approchai d'elle, mais la contournai vers son cheval. Thoma, Jakob et moi adorions ces animaux et nous étions les meilleurs dompteurs du Conflan. Je posai une main sur les naseaux de la bête, les caressant doucement.
- Comment s'appelle ton cheval? Et quel est ton nom?